Une communication responsable, consciente et authentique apporte compréhension et profondeur dans les échanges. Elle contribue à une meilleure connaissance de soi et des autres et favorise la confiance absolue elle-même propice aux sentiments durables.
La non-violence dans la communication implique de s’extraire du triangle infernal sauveur/bourreau/victime. Elle nous invite également à développer le sens de l'éthique autrement dit à acquérir des attitudes qui sont empreintes de valeurs nobles et qui, de fait, nous poussent à mieux agir.
Intégrité, impartialité, respect, humanité, bonté, dignité, équité… bref, il s’agit tout simplement de s'appliquer à faire de son mieux et à chercher à s’améliorer en commençant par la parole juste. C’est ainsi qu'apparaît peu à peu la félicité relationnelle en même temps que nous nous bonifions.
Ces émotions qui sabotent l'éthique
En matière de communication, en dépit de nos bonnes intentions, nous sommes prompts à nous détourner des valeurs positives car les émotions, par réflexe, incitent à se défendre et à se protéger. Sur le moment, les émotions ressenties nous décentrent du cœur et nous font penser à des extrapolations mentales car bien souvent nous n'arrivons pas à entendre l'information qu'elles cherchent à nous délivrer. Surtout si l'on s'en tient à écouter uniquement l'énergie de l'émotion qui nous fait alors percevoir les choses de façon biaisée et personnelle. Ce n'est pas parce que j'ai peur qu'il y a nécessairement un danger et ce n'est pas parce que je me sens jugé(e) que je le suis forcément. Notre perception émotionnelle est rarement conforme à la réalité objective.
Pour éviter de mettre nos valeurs identitaires au rebut, nous devons faire l'effort de cesser de considérer nos ressentis émotionnels comme des vérités ultimes. Il ne s'agit nullement de nier ses émotions mais plutôt de s'évertuer à comprendre leurs messages intrinsèques qui eux sont porteurs de sages informations. Avec de la volonté, de la persévérance et de l'entraînement, c'est tout à fait possible.
Pour adopter un mode de communication pleinement éthique, il faut pouvoir faire la différence entre l'intuition et les émotions. Si tout s'emmêle, alors il y a peu de chance que la parole soit impeccable car l'on sera tenté de se rigidifier, de contrôler, de fuir, de s'emporter ou encore de juger.
Une parole impeccable (cf, Les accords toltèques de Don Miguel Ruiz) est une parole qui ne nuit pas, qui est dénuée d'agressivité, non jugeante, non offensante ou néfaste. La parole est une énergie, elle ne reste jamais sans effet. Médire, dénigrer, calomnier souille la relation.
Plus encore que de pacifier, la communication éthique a pour but d'assainir par l’écologie de la parole.
“Les humains sont des êtres très sensibles, ils perçoivent tout à travers leur corps émotionnel. Ce corps est semblable à une radio que l’on peut régler pour qu’elle perçoive ou réagisse à certaines fréquences” Don Miguel Ruiz, La maîtrise de l’amour.
L’éthique, une intelligence du coeur
L'intuition est une alliée de la communication. Elle vient de la conscience et se fait entendre par le cœur. Lorsque nous en sommes décentrés, notre conscience essaie de nous le faire savoir en nous alertant avec une émotion et nous avons alors tendance à surréagir avec emportement, excès et partialité plutôt que de réagir avec sagesse et clarté. Tant que, faute de comprendre leurs messages, nous nous laisserons aveugler puis influencer par nos émotions, nous ne pourrons faire autrement que de manquer de discernement, d’objectivité et d'alignement. Notre mode de communication reste alors essentiellement basé sur la fuite, l'agressivité, la passivité, la soumission.
La charge émotionnelle est un frein à l’éthique parce que l’éthique nous demande justement de placer notre humanité au-dessus de notre impulsivité autrement dit, de placer notre conscience au-desus de nos perceptions subjectives. Lorsque nous nous sentons en désaccord, incompris ou critiqué, ce n’est pas facile de rester objectif et impartial. On a tôt fait de croire que les autres sont le problème ou à l'inverse que nous sommes le problème; pour l'ego, il faut un coupable.
Et pourtant, l’éthique nous invite entre autre chose à être plus raisonnables que passionnés, à privilégier l'empathie et la compassion à l'individualisme, à sortir des préjugés en restants ouverts, à être honnêtes avec soi et l'autre, à prendre du recul, à s'analyser plutôt qu'à se laisser emporter par l'orgueil. Lorsque c'est le coeur qui parle, il n'y a pas de coupables, il y a seulement des gens en souffrance.
Il n’est pour autant nullement question de rester stoïque en toutes circonstances. Être éthique, ce n’est pas être gentil tout le temps, tout supporter ni se rigidifier moralement et encore moins devenir insensible. Bien au contraire, être éthique c’est être vrai, authentique. C’est se donner le droit d'être qui l'on est. Néanmoins une condition s'impose : ne jamais s’imposer. De fait, il y a une juste distance à trouver entre gagner en confiance en soi et ne plus se laisser marcher sur les pieds.
"Votre tâche n’est pas de chercher l’amour, mais simplement de chercher et trouver tous les obstacles que vous avez construits contre l’amour." Rûmî
L'éthique c'est plus que suivre la morale, c'est être en accord avec soi
S'accepter inconditionnellement pour prendre sa place dans le monde et aussi face aux autres est extrêmement puissant et libérateur. Et ce désir de liberté est légitime. Il nous revient de droit de nous libérer de nos blessures, conditionnements moraux et croyances limitantes pour revenir à nous-même dans l'intégrité de notre nature originelle. Et ainsi nous commençons à nous rappeler sans altérations les valeurs que nous portons au plus haut degré dans notre cœur. Nous apprenons peu à peu à nous positionner vis-à-vis des valeurs morales inculquées et transmises par le monde extérieur (ex : conformisme, challenge, rigueur, ténacité, dévouement) pour nous relier à celles qui nous parlent profondément (ex : responsabilité, loyauté, douceur, discipline, flexibilité, vigilance). En soit, il n'y a pas de mauvaises valeurs. La sagacité consiste à les employer avec perspicacité en fonction du message que nous voulons faire passer.
Une personne éthique allie l’intelligence du cœur à l'intellect rationnel car cela est l'unique moyen de garder contact avec la réalité sans perdre de son humanité. Ainsi faisant, elle bénéficie d'une vue de l'esprit plus élevée que par l'usage du mental analytique qui à lui seul manque d'ouverture et de chaleur. Cette personne cherche à mettre en avant son côté sympathique et sa sensibilité sans toutefois s’émouvoir, ce qui serait contreproductif. Elle s'explique sans se justifier, expose ses points de vue sans chercher à manipuler la pensée d'autrui, fait preuve de compassion sans aller jusqu'à se sacrifier et bien sûr elle écoute attentivement en essayant de se mettre à la place de l'autre.
Chacun a une sensibilité qui lui est propre. Et chacun doit apprendre à exprimer cette sensibilité individuelle plutôt qu’à se laisser influencer par une espèce de consensus moral bien pensant et dogmatique qui, au lieu de nous tirer vers le haut et de nous ouvrir le coeur, endort notre esprit créatif. La morale, bien qu'elle soit nécessaire et indissociable de l'éthique, a cependant tendance à frustrer et à limiter surtout si nous lui obéissons à l'aveugle en lui donnant une suprématie sur la sagesse de notre coeur.
A la différence de la morale, l'éthique veut que l’on s’exprime sans détours, sans honte et sans culpabilité en étant conscients des valeurs chères à notre coeur. Elle nous dit que notre mission principale est de ne pas nous détourner de notre vraie identité et de l'exprimer à haute voix. Ce qui est une nécessité absolue pour tisser des liens solides. Mais gare à ne pas faire d'amalgame entre ce qui provient du coeur et les croyances du mental qui elles sont générées par un débordement émotionnel.
"L'éthique, c'est l'esthétique du dedans.", Pierre Reverdy, artiste, Poète
Faire confiance à son coeur plus qu'à sa tête
Nous ne sommes d’accord avec personne tant que nous ne sommes pas en accord avec nous-même. C’est pourquoi, en sondant notre propre cœur il est possible d’identifier les valeurs qui nous représentent le plus et les vertus qui font sens. La morale nous éclaire, elle nous donne des repères et nous montre le chemin de la bonne conduite mais elle ne permet pas de nous distinguer les uns des autres.
Les valeurs de l'éthique sont vastes et peuvent prendre des visages multiples. Se réconcilier avec la douceur ou chercher à être fort à tout prix? Se donner le droit de se sentir vulnérable sans culpabiliser, valoriser le sens de l'effort plutôt que le goût de la victoire, compatir sans chercher à être d'accord, se fier à ses propres envies même lorsqu'elles ne sont pas consensuelles, prendre son temps alors que tout autour de soi va très vite, oser dire au risque de choquer... Chaque petit choix de l'existence traduit notre préférence pour une valeur plutôt qu'une autre.
En fait, tant que les communicants sont déconnectés de leurs Soi-authentiques parce qu'ils écoutent plus leur tête que leur coeur alors ils ne se comprennent pas vraiment. Ils peuvent en avoir l'impression mais la relation est emplie de quiproquos, de malentendus et de suppositions. Pour communiquer éthique il nous faut préalablement percevoir et sentir en soi ce qui est vrai, ce qui est juste et bon, ce qui fait du bien, ce qui réjouit l'âme et le cœur. Ce qui est véritablement bon pour soi ne nuira de toute façon à personne. Ceci est une loi spirituelle immuable. Et c'est seulement à partir de là qu’il est possible d’entrer en relation avec autrui sans se nuire l’un l’autre.
"La source est en nous et le premier pas consiste à la recontacter vibratoirement en s’identifiant à elle. C’est une vibration, non une émotion. Il est important de sortir de l’illusion et que chacun aille au plus profond de lui définir s’il est dans l’amour ou dans l’affect." Sophie Riehl, Vivre au quotidien dans la conscience christique.
Le dialogue vertueux rend plus heureux
Parler et agir avec éthique n’est ni un code de bonne conduite, ni tout à fait une question de moralité. Il s’agit davantage de chercher à nous responsabiliser et à nous questionner de façon à ce que nous nous évertuons à donner le meilleur de nous-même. Sortir de la victimisation et de la déresponsabilisation est le premier pas. C'est un pas de géant qui change tellement notre façon de voir les choses que sans une aide psychologique il est quasiment impossible d'y arriver. L'égo ne lâche pas comme ça.
D’un point de vue philosophique, il n’est pas concevable de trouver le bonheur, l’amour et la paix sans éthique. Justement, l’éthique nous amène au mieux-être en soi et en relation avec autrui. Les gens profondément heureux sont des personnes aimantes et bienveillantes qui ont une excellente connaissance de soi. Ils connaissent les valeurs auxquelles ils ne consentiraient jamais à renoncer pour faire plaisir à quelqu'un, pas même à un être cher. Se laisser guider par leur éthique intérieure les rend à la fois plus forts et plus compréhensifs.
L’éthique comme nous l’avons dit est indissociable du cœur. Le mental égotique quant à lui préfère la rigidité des règles, les principes inflexibles et les croyances qui tendent à nous faire obéir sans vérifier si nous sommes en phase avec nos valeurs identitaires. La sagesse, qualité intrinsèque à l'éthique, émane de la conscience et rend libre alors que l'obéissance se soumet aux pouvoirs en place qui la dominent.
Je pense par exemple aux enfants qui, au nom de la force (une valeur très prônée) sont encouragés à nier leurs émotions plutôt qu’à les exprimer et à obéir sans poser de questions. Il y a aussi le chacun pour soi, travailler d'arrache pied, que le meilleur gagne, faire passer les autres avant soi, ne pas déranger, finir son assiette même quand on n’a pas faim… Vous voyez l’idée? Est-ce à ce point vertueux! Assurément non car la vertu amène bonheur, amour et paix à celui qui la privilégie La vertu et les valeurs sont toujours au service de la vie heureuse.
"Qu'est-ce que le bonheur sinon l'accord vrai entre un homme et l'existence qu'il mène ?" Albert Camus
Vouloir comprendre l’autre, c’est l’aimer
Pour comprendre il faut écouter avec le cœur. La tête n'en est pas capable. Les personnes fortement dominées par leur égo, sont rigides, obtuses, contrôlantes, stratèges et veulent avoir le dernier mot. Elles n'arrivent pas à écouter vraiment car elles n'ont pas confiance en leur capacité à être aimées. Elles croient que si elles n'anticipent pas, elles courent au devant d'un problème. Elles essaient de contrôler tout ce qu'elles peuvent, y compris la pensée et les émotions de leur partenaire. Ce sont d'ailleurs souvent des personnes moralisatrices dont l’adage “faites ce que je dis mais pas ce je fais” illustre leur posture relationnelle. En essayant de se fier à leur mental, elles se retrouvent en fait dans un état de confusion qu’en général elles ne perçoivent pas et compensent par des justifications plus ou moins élaborées. Le dialogue étant pénible, peu constructif et non équilibré, il suscite de la frustration puis de la distanciation.
Dans la communication éthique nous allons nous appliquer à écouter avec l'attention du coeur en veillant à ne pas laisser le mental s'engouffrer car il adore juger tout ce qu'il trouve suspect. Il convient d’être attentif à ce qu’il se passe en soi et de rester observateur de l’autre afin qu'il se sente libre d'exprimer sa vérité même lorsqu'elle vient nous chatouiller.
"Les grandes pensées viennent du coeur" Marquis de Vaudenargues, Moraliste Français
Travailler sur soi, un pré-requis à l’éthique
Être éthique demande de la persévérance et beaucoup d'entrainement car la posture va à l'encontre de la plupart de nos idées préconçues et des formatages sociétaux. Il faut le vouloir vraiment. Il s'agit en fin de compte d' une aspiration profonde à vouloir s'améliorer, à aspirer à devenir meilleur. C'est pour ainsi dire une quête existentielle dans laquelle l'on cherche à être une bonne personne. Cette aspiration peut paraître ringarde aux yeux de certains et pourtant, pour vivre de belles relations il faut vraiment vouloir s'améliorer en partant du principe que l'on est imparfait et qu'il n'y a pas à en faire des complexes. Il y a juste à admettre ce postulat de départ qui est valable à tous et se dire qu'il ne tient qu'à soi d'œuvrer à se parfaire pour que la version la plus noble de soi puisse émerger.
Nous pouvons considérer qu'il en va de notre responsabilité d'apprendre à donner le meilleur de soi et que cela est une nécessité pour tendre vers une vie meilleure. Je pense que le monde s'améliorera lorsqu'un nombre suffisant de personnes prendront ce chemin-là plutôt que de seulement chercher à remplir le vide existentiel par des apports chimériques.
En considérant qu’il en va de notre responsabilité d'œuvrer à se parfaire, nous nous faisons un cadeau d’une valeur inestimable car en vérité notre bonheur en dépend. Il n’y a pas d'épanouissement possible pour les paresseux. De notre courage à vouloir purifier nos pensées, nos paroles et nos actes dépend notre opportunité à vivre de meilleures relations avec les autres et à trouver la paix en nous-même. L’amour authentique naît de notre désir ardent à vouloir faire le beau, le bien et le juste. Pour y parvenir nous avons besoin des autres. C’est ensemble que nous avançons mais il est inutile d’attendre les autres pour s’y mettre.
"Accepter une personne signifie lui donner le droit d’être ce qu’elle veut et non lui permettre de faire tout ce qu’elle veut dans ton espace", Lise Bourbeau - La puissance de l'acceptation
Se regarder sans tricher, une intention éthique de première nécessité
Je pourrais vous décrire encore longuement ce qu'est l'éthique relationnelle. Les principes de la communication non violente de Marshall Rosenberg offrent des bases solides. Personnellement, je m'inspire aussi de la sagesse de Don Miguel Ruiz le chaman qui a écrit les accords toltèques. L'empathie, l'authenticité et la responsabilité sont les 3 piliers de la sagesse qui mène à une posture consciente. On retiendra par-dessus tout que l'intention de ne pas nuire est ce qui prime.
L'éthique, cousine germaine de la morale, me semble fondamentale dans cette démarche car c'est par elle que nous acquérons le pouvoir de nous mettre en lien avec nous-même et autrui d'une façon qui permette de donner naturellement à partir du cœur. La morale nous enseigne à distinguer le bien du mal. Sans cette appréhension il nous est impossible de faire des choix libres et conscients.
Le cœur aime la cohérence, la tolérance, l'harmonie, la justesse, la beauté, la libre pensée, la vérité, la précision, la bonté, le respect, la curiosité, la nouveauté... A vous de choisir les valeurs qui vous correspondent le plus. A chacun les siennes.
Toutefois, l'honnêteté première consiste à prendre pleinement conscience de ses propres affects et de ses émotions. Nier nos blessures et l'impact qu'elles ont sur notre vie personnelle et relationnelle est une abérration qui ravage et détruit un nombre incalculable de relations.
Aussi, pour aimer et être aimé, le plus court chemin à emprunter comme le plus efficace est celui qui consiste à se regarder sans tricher et c'est probablement l'acte le plus courageux qu'un être humain soit amené à faire dans toute son existence.
"Nous sommes dangereux quand nous ne sommes pas conscients que nous sommes responsables de nos actes, de nos pensées et de nos sentiments." Marshall B. Rosenberg, Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs)
Présentation des accords Toltèques
Au nombre de 5, ils sont des principes de bon sens qui permettent d’appréhender le monde sainement et sereinement.
Le premier accord toltèque est : « Que votre parole soit impeccable »
Le deuxième accord toltèque est : « N’en faites pas une affaire personnelle
Le troisième accord est : « Ne faites pas de suppositions »
Le quatrième accord toltèque est : « Faites toujours de votre mieux »
Le cinquième accord toltèque est : « Soyez sceptique mais apprenez à écouter »
La connaissance philosophique des toltèques nous enseigne comment se libérer des peurs, qui sont l’obstacle au bonheur et à l’amour. Les accords cités sont d’une très grande profondeur et pourtant leur simplicité est ce qui les caractérise le mieux.
Pour mieux comprendre le rôle des émotions, vous pouvez lire :
https://www.mathilde-viguier.