Une démarche de consultation conjointe de qualité impose quelques pré-requis de départ. C’est pourquoi avant de vous lancer, je vous invite à vous poser quelques questions qui vous permettront de savoir si la démarche vous sera davantage profitable à deux ou en solo.
Un mix des deux est également possible. Lisez ce qui suit pour vous faire votre propre idée.
Une condition sine qua non
Chaque participant doit impérativement venir en consultation avec la volonté sincère de se remettre en question y compris lorsqu'il se considère victime de préjudices. Contrairement à une croyance communément répandue, c’est une erreur de penser que la dysharmonie de la relation repose systématiquement sur les deux partenaires à parts égales. Si la responsabilité face à l’échec relationnel est toujours respective elle peut néanmoins être très variable d’un partenaire à l’autre. Et ce d’autant plus qu’il y a souvent (mais pas toujours) l’un des deux qui est plus enclin que l’autre à la remise en question personnelle.
Force est de constater aussi qu’il arrive assez couramment que l’un des deux partenaires soit tellement enfermé dans un fonctionnement d’hyper contrôle que celui-ci/celle-ci soit dans l’incapacité totale ou quasi-totale de se remettre en question. Ce profil n’étant pas franchement enclin et peu habitué à l’introspection risque par conséquent de se sentir faussement accablé et jugé par la posture thérapeutique qui ne peut faire autrement que de pousser à la réflexion objective. Pressentant que des changements vont devoir être opérés et que cela va demander un certain nombre d’efforts, voire d'inconforts, se prêter à l'exercice n'est pas à la portée de tous. Ceci n'a rien à voir avec les compétences intellectuelles ; à ce niveau là tout le monde est en mesure de consulter sans exception. En revanche, il n’est pas donné à tout le monde d’être capable de faire suffisamment preuve d’humilité pour pouvoir admettre que l’on est partiellement responsable de la situation dans laquelle on se trouve. Ceux/celles qui ont l’habitude de se trouver systématiquement des excuses ne pourront plus le faire face au thérapeute. Et de ce fait, ils mettront tout en œuvre pour mettre la thérapie en échec.
Forcer la remise en question, est-ce possible ?
Hélas non. D’une part parce que chacun a son propre libre arbitre donc sa liberté de penser et ensuite parce que ce n’est pas le rôle du thérapeute que de forcer autrui à évoluer à l’issue de son plein gré.
Aussi en cela réside la limite de la thérapie conjugale. Cette limite n’est pas des moindres car à ce jour, force est de reconnaître qu’une grande majorité de la population ne se trouve pas encore suffisamment mature sur le plan psychique pour arriver à se regarder en face sans se cacher derrière des masques de protection.
Il n’est pas donné à tout le monde de se responsabiliser au point d’admettre que là où l'on en n’est là n'est en rien le fruit du hasard ou de la fatalité. Aussi, s’il est nécessaire d’avoir envie de sauver ce qu’il reste de la relation pour entreprendre la démarche, cela ne suffira pas. Il va falloir du courage, de la volonté, de la souplesse d’esprit et surtout de l'humilité.
Néanmoins, même lorsque le bénéfice attendu n’est pas totalement au rdv il y a toujours et cela sans exception aucune une plus-valu dans le fait de consulter puisque en tant que thérapeute, n’ayant pas pour vocation d’être dans une posture de complaisance, je stimule les consultants (avec autant de bienveillance que possible) à prendre conscience de leurs postures relationnelles, à reconnaître les intrications émotionnelles qui se jouent à leurs dépens et à découvrir les rouages du schéma relationnel dans lequel il se sont enfermés.
Si les consultants en éprouvent la motivation, et seulement si, alors nous œuvrons ensemble pour que chaque protagoniste améliore ses compétences relationnelles et pense ses blessures personnelles.
Ainsi au minimum, des graines sont semées dans la conscience de chacun et même si ça ne parle pas sur le moment, cela fera son chemin. Et dans le meilleur des cas, des changements radicaux advienent.
Venir seul peut se révéler salvateur
S’il est bon d’encourager l’autre personne concernée à participer en lui exposant votre motivation, en revanche, il n’est pas préconisé d’utiliser des moyens de pression sous prétexte que c’est pour la bonne cause. De toute façon, lorsque le partenaire ne se sent pas concerné par la thérapie de couple, c’est assez souvent parce que l’empathie n’y est pas. Face à une souffrance ressentie il ne devrait jamais y avoir la nécessité de se justifier ou de supplier. Si votre conjoint ne voit aucun intérêt à fournir cet effort alors inutile d’insister parce que la thérapie ne fera pas de miracle avec quelqu’un qui vient à contre cœur.
En revanche, il se pourrait que même en venant seul vous appreniez de nombreuses choses sur votre relation, sur vous-même et sur la psychologie de votre partenaire. Certes, dans le cadre d'une démarche individuelle, vous ne pourrez pas compter sur la contribution de votre partenaire mais vous aller obtenir d’autres moyens d’agir tout aussi intéressant pour vous si ce n’est plus.
Le changement dépend de la motivation
Que vous veniez seul ou à deux, la première étape consiste à faire le point de la situation sans faux semblants. S’il est vrai que de se plier ensemble à l’exercice est indéniablement favorable et profitable il n’en reste pas moins que c’est impossible à réaliser lorsque durant la thérapie, au moins l’un des deux protagonistes conjugaux est dans une attitude de fermeture ou bien présent uniquement pour donner le change. Le changement est possible à condition d'y croire, de faire confiance et de se prêter à l'exercice avec le moins de résistances possible. L'un des freins récurrents est la peur d'éprouver un sentiment de honte en étant jugé. Vous constaterez dès la première séance que parler est extrêmement libérateur lorsque le regard du thérapeute est empli d'une saine curiosité compatissante quelque soient les aspects abordés.
Parfois il est plus sage de renoncer, non à se donner les moyens de comprendre ce que l'on vit mais plutôt à cesser de motiver celui qui se complaît dans la situation en l’état. Car je le repète, une personne qui consulte juste pour calmer le jeu n'apporte rien de bon en thérapie, bien au contraire. Cela génère de la confusion.
Une habitude induit systématiquement un même effet. Il convient donc d’identifier la cause génératrice de souffrance pour trouver ce qui demande à être modifié. Il ne s’agit nullement de savoir à qui la faute mais plutôt que chacun puisse prendre conscience de son propre pouvoir à transformer le mauvais en bien, à remettre de l’harmonie là où il y a du chaos.
En résumé pour se décider
D’une manière générale, faire la démarche en couple est sans conteste une plus-valu pour chacun des partenaires à condition toutefois :
- Que chacun se sente concerné ou à défaut ressente de la compassion et une saine curiosité vis à vis du conjoint souffrant,
- D’avoir sincèrement envie de s’ouvrir à l’autre et de chercher à le comprendre,
- De ne pas venir dans le seul but d’échapper à la séparation,
- De participer activement (ne pas se contenter de venir en spectateur),
- De s’impliquer et de continuer à œuvrer relationnellement également en dehors des séances,
- D’accepter de jouer “le jeu” (en sachant bien sûr que cela n’a rien d’un jeu),
- De s’engager à être le plus honnête possible (cela semble aller de soi mais il y a des situations où ça n’est pas si évident),
- D’avoir véritablement envie d’avancer, d’évoluer, d'affaiblir ses ombres et de prendre conscience de ses posibilités relationnelles,
- De s’ouvrir aux questions posées sans préjugés avec un droit de réserve si la question met mal à l'aise,
- D'admettre que nous sommes toujours en partie responsable de ce que nous vivons et que de ce fait nous avons le pouvoir de faire bouger les choses pour les rendre meilleures.
Et bien sûr :
- De s’accorder le droit de poser ses propres limites dans le respect de soi dès lors que cela ne soit pas un frein à la dynamique introspective qui elle est indispensable pour se comprendre et pour œuvrer ensemble à bâtir une relation solide.
Avoir le trac, c’est normal :
Vous avez à présent des indices concrets pour jauger s’il sera pertinent pour vous de “traîner” votre partenaire en thérapie alors qu’il (elle) n’exprime guère d’enthousiasme (voire pas du tout) à vous suivre dans cette initiative.
Si vous en êtes à vous poser ce type de questions c’est peut-être parce que justement vous avez de façon récurrente le sentiment d’être la locomotive de la relation. Si tel est le cas, ne répétez pas pour la énième fois cette dynamique. Mieux vaut vous sentir libre dans la démarche et vous l’approprier en solo. Il arrive d’ailleurs assez fréquemment que le conjoint décide de lui-même d’y prendre part par la suite étant relativement déconcerté face à votre nouvelle énergie car, comprenant davantage les tenants et aboutissants de votre vécu, vous allez vous sentir animé d’un souffle nouveau.
En revanche, si votre partenaire à le trac de vous suivre en consultation, il peut être pertinent dans ce cas d’insister car cette gêne retombe presque chaque fois d’elle-même durant la séance. Dès lors que chacun éprouve le souhait de réfléchir à comment il est possible d'aller mieux ensemble ou le cas échéant d'envisager l'éventualité d'une séparation alors la séance sera constructive. Chacun en ressortira avec un surcroît de lucidité et la conscience éclairée.
J'entends souvent cette phrase : "J'ai peur de ne pas savoir quoi dire". Cette crainte retombe assez vite d'elle même car je pose des questions et vous aide à formuler vos réponses. J'alimente le débat en apportant un regard neuf et recentre également la discussion de façon à ce qu'elle soit enrichissante du début à la fin et que surtout chacun participe autant que possibleà part égale.
Quelques erreurs à éviter
Ne faîte pas l’erreur d’attendre que votre partenaire soit prêt pour prendre rdv parce que c’est typiquement le genre d’argument utilisé par ceux/celles qui savent pertinemment qu’ils ne viendront jamais sauf lorsque vous serez sur le point de faire vos valises.
Il se peut également que votre partenaire soit plus conscient de ses dysfonctionnements qu’il ne le laisse paraître. Auquel cas, on se doute que cela ne le/la fasse pas rêver de venir se livrer à un professionnel. Tous les arguments seront bons pour vous faire passer l’envie de consulter et cette stratégie pourra aller jusqu’à faire illusion qu’il/elle a soudainement compris de lui-même ce que vous attendez. Alors ne vous y trompez-pas et réfléchissez-y à deux fois avant de vous dire que la partie est gagnée. Dans ce contexte, je vous encourage par mesure de précaution à ne pas renoncer à votre projet de consultation et de venir ne serait-ce que pour vous.
Un autre cas de figure : les plus manipulateurs ont tendance à arguer que c’est celui qui va mal (qui est en fait celui qui souffre le plus) qui doit se faire soigner. La réalité est toute autre puisque les personnes les moins sensibles se croient fortes et protégées alors que les personnes les plus sensibles et humaines sont certes beaucoup plus impactées mais en définitive apprennent davantage de leurs erreurs ce qui leur permet d’évoluer et de se consolider. Alors, à défaut de venir se faire soigner quand l’on sait pertinemment que l’on est plus équilibré que son conjoint, il est tout à fait utile de venir chercher des clés de lecture et des outils pour ne plus se laisser manipuler et reprendre le contrôle de sa vie.
Prendre sa place durant la séance
Il y a des relations pour lesquelles l’un des partenaires a clairement le lead. Ce sont ceux au tempérament dominateur ou bien tyrannique qui viennent en séance presque les mains dans les poches tant ils sont certains de faire “bonne impression”. Alors si vous êtes le conjoint de l’un de ceux-là, pas de panique, en séance chacun est sur un pied d’égalité et reçoit toute l’attention et la considération qui lui sont dues. Néanmoins, si vous craignez de ne pas être suffisamment entendu et que vous pensez que votre partenaire va encore chercher à vous écraser alors venez seul, au moins pour commencer.
Si à la suite de la séance, vous craignez des représailles du fait d’avoir dit ou révélé des éléments considérés comme compromettants par votre conjoint alors c’est que vous êtes déjà dans une relation dite toxique. Il y a donc vraiment une nécessité soit à vous en extraire soit à réajuster la relation de façon à ce que vous vous n’ayez plus de freins à libérer votre parole. Il n’est pas normal de vivre dans la crainte des réactions de son partenaire même si cela est je trouve trop souvent banalisé. Il ne faut absolument pas hésiter à me toucher mot de vos craintes quelles qu’elles soient avant pendant ou après la séance. Il est peut-être aussi préférable de venir seul si vraiment vous ne vous sentez pas à votre aise pour dire tout ce qu’il vous semble bon d'aborder en présence de votre conjoint.
Les avantages à venir seul
- Quand l’on n’est pas certain d’être prêt à tout aborder à deux,
- Lorsque l’on a des choses plus personnelles que conjugales à évoquer,
- Lorsque l’on se sent manipulé ou abusé dans sa vie conjugale,
- Si le partenaire ne reconnaît que trop rarement ses torts, s’il est excessivement culpabilisant,
- Quand on appréhende les réactions de son conjoint,
- Lorsque l’on a besoin de clarifier en solo des éléments d’ordre privés avant d’en parler en couple,
- Lorsque le conjoint trouve des excuses pour reporter,
- Lorsque votre partenaire vous dit qu'il/elle a compris et qu'il va changer (y compris lorsque de nouvelles attitudes sont déjà visibles) sans avoir mis de la conscience sur ses dysfonctionnements.
Les avantages venir à deux
- Lorsque les deux partenaires sont prêts l’un comme l’autre à réfléchir sur eux-mêmes,
- Quand chacun a à cœur de faire évoluer la relation,
- Dès lors que chaque partenaire se sent concerné directement ou indirectement par esprit de compassion,
- Si chacun est capable de faire preuve d’écoute active et de saine curiosité,
- Lorsque chacun est prêt à s'ouvrir et à révéler des aspects de sa vie personnelle pour comprendre ce qui se joue dans le présent,
- A condition que chacun soit prêts à admettre une responsabilité.
S'accepter mutuellement
En Somme, quelque soient vos motifs de consultation, la démarche va consister à favoriser l'acceptation de soi et de l'autre. On ne cherche pas à tomber d'accord (tomber n'élève pas). L'on cherche à susciter l'ouverture mentale et du cœur pour apprendre à se comprendre sans systématiquement être d'accord. Pour s'aimer et s'entendre il n'y a pas besoins de partager à 100% des opinions. Ce qu'il faut, c'est accepter ce que chacun est intrinsèquement tout en s'aidant respectivement à s'améliorer.
L'acceptation est une notion spirituelle, elle favorise la rencontre profonde et les sentiments véritables. C'est la direction que je souhaite vous donner.
Poursuivez votre lecture en lisant "S'Aime et" : https://www.mathilde-viguier.
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