Se séparer après des années de vie commune est une décision difficile. Rare, sont les couples pour lesquels les deux partenaires se sentent prêts au même moment à franchir ce pas décisif. A plus forte raison que faire marche arrière est presque impossible car la séparation ajoute une plaie sur une accumulation d'autres plaies non traitées. Alors justement, la crainte de regretter fait que l’on espère encore l’impossible, on se raccroche à ce qu’il reste de ce lien qui fut, en d’autres temps plus ou moins éloignés une passion.
Rompre : un choix cornélien
Se projeter vers la rupture est moralement éprouvant car rompre avec son conjoint implique de rompre avec toute une vie de repères et d’habitudes. Il s’agit, en fait de renoncer à beaucoup plus de choses qu’à sa vie de couple. Parce que généralement nous construisons notre vie autour du couple qui lui est le point central, le pilier du reste de notre vie.
Ceci est particulièrement vrai pour beaucoup de femmes qui ont tendance à organiser leur vie professionnelle et leurs loisirs en corrélation avec leur vie de couple et même en fonction de la vie professionnelle de leur partenaire quand ce n’est pas en fonction des centres d’intérêts de celui-ci. Rien d’étonnant alors qu’à un moment donné et plus particulièrement lorsque les enfants prennent le large, que cette vie qui s’est bâtie sur des choix pas toujours équitables et encore moins conscients, devient un espace au sein duquel on étouffe davantage que l’on se ressource.
Faut-il encore se battre pour empêcher le bateau de couler plus profondément ? Se battre, comme elle est bien moche cette expression quand on y pense ! Et oui, parce que justement, comment pourrait-on se réconcilier, se retrouver, se réharmoniser en se disant qu’il faut se battre. N’y aurait-t-il pas un contresens ? Il est évident que ce n’est certainement pas en se battant que la paix s’invitera dans la relation. La vie de couple ne devrait jamais être une sorte de lutte, bien au contraire. On ne se bat pas pour améliorer une situation ; on pause les armes plutôt. Oui il va vraiment falloir en passer par là, pacifier, se réconcilier même lorsque l’on n’a pas franchement la sensation d’être fâché. Alors la question qui se pose c’est : s’en sent-on encore capable ou a-t-on attend un point de non-retour ?
Se réconcilier avant de se quitter n’est pas un paradoxe
Avant de prendre une telle décision, il m’apparait fondamental de tout mettre à plat. Après tout que reste-t-il à perdre ? Ne croyez-vous pas qu’avant de quitter le navire il serait pertinent de se dire l’un à l’autre les regrets, les rancœurs, les déceptions, les désillusions, les désenchantent ? Plus encore, les excuses, les remords, les lâchetés, les bassesses et surtout surtout les pardons. Quand cela est possible bien entendu, puisque ce n’est pas parce que l’on est fin prêt pour la séparation que l’on est prêt à se pardonner les enchevêtrements d’impairs de toute une tranche de vie.
Faire la paix avec ce passé relationnel qui parfois nous a conduit jusqu’à l’écœurement, écœurement de soi, écœurement de l’autre, écœurement du nous que l’on forme et que l’on ne supporte plus est tout un processus. Faire la paix avec ce nous auquel l’on ne veut plus appartenir faute de parvenir à s’y identifier. Pourtant, pour avancer, que ce soit ensemble ou séparément, il va falloir impérativement se délester de cette charge émotionnelle. Sans quoi, nous nous trainerons un couple fantôme, invisible à l’œil nu cependant bien encombrant.
Un cadeau de départ pour se libérer
Ce n’est ni en reniant le passé, ni en jetant à la poubelle les souvenirs douloureux que l’on s’allège. Se sentir compris, reconnu, considéré dans son vécu et si possible par la personne concernée, rien de tel pour se libérer. Mais, j’en conviens, qu’il est assez exceptionnel que les deux futurs ex partenaires soient enclins à s’offrir respectivement cette possibilité comme un cadeau de départ et un gage de reconnaissance à l’égard de tout ce qui a été partagé. Car, s’il est vrai qu’il n’existe pas de séparations sans causes et donc sans souffrances il existe encore moins de relations sans petits bonheurs et actes d’amour.
Rompre ou pas, se décider ensemble
- Nous envisageons de rompre mais nous craignons que nous ne baissions les bras trop vite. N’y aurait-il pas encore quelque chose à tenter ?
- Nous avons besoin d’en parler afin de prendre une décision réfléchie/aboutie
- Nous devons en parler afin de ne pas envenimer davantage la situation et de pouvoir s’apaiser pour avancer plus sereinement
- Nous voulons savoir si nous ne nous séparons pas sur un coup de tête
- Nous devrions nous séparer car nous nous déchirons trop mais nous n’arrivons pas à franchir ce cap
- Dès que nous sommes l’un sans l’autre nous revenons ensemble. Il est temps de prendre une vraie décision et de s’y tenir
