Comment se fait-il que les relations soient si souvent souffrantes en dépit de la sincérité des sentiments et de la réelle volonté à parvenir à une bonne entente ? Que ce soit en couple, dans la famille ou ailleurs, prendre soin de soi et de l’autre, se comprendre, se respecter, s’accepter, trouver sa place sont autant de défis à relever pour tisser des liens solides. Chacun fait ce qu’il peut mais il est rare que cela suffise. Frustrations, déceptions, désenchantements, incompréhensions… quand ce n’est pas de la violence qui en résulte à la place de l’harmonie espérée. Que faut-il changer afin que chacun se sente plus aimé et surtout plus épanoui au sein du nous constitué?
Cesser de vouloir faire bonne impression
En ce principe réside la clé la plus importante qui permet à toute relation de construire une base solide : l’amour prodigué à l’être aimé ne pourra être épanouissant à vivre pour les partenaires qu’à partir du moment où nous saurons nous aimer pleinement en tant que Je d’abord. Il est archi faux de croire que l’amour c’est faire passer l’autre avant soi-même. Penser à soi d’abord n’a absolument rien d’égoïste. Faire de soi la priorité, c’est du bon sens. Cela permet de sortir des relations persécuteur/victime/sauveur.
Dès les premières années de notre vie, nous avons tous appris à être altruiste en apprenant par exemple à céder nos jouets à des inconnus alors que nous ne savions même pas encore comment procéder pour nous faire respecter par les autres. Nous nous sentions en insécurité et pour y remédier nous avons développé des stratégies d’adaptation, des ruses pour ne plus à avoir peur et pour nous sentir aimés le plus possible.
Nous nous sommes ainsi mis à croire que pour être aimés, il faut savoir faire bonne impression. Pour les humains, faire bonne impression est devenu une priorité (même dans le couple) à un point tel que nous dilapidons notre énergie à essayer d’impressionner plutôt qu’à être bien avec nous-mêmes croyant qu’ainsi nous récolterons plus d’amour. Commençons à exister en tant que Je sans faux semblants.
Il y a aussi le fait que se faire passer en premier engendre trop de culpabilité. Alors pour ne pas la ressentir nous prodiguons davantage d’attentions aux autres qu’à nous-même. En fin de compte, nous faisons du troc mais l’amour ne devrait pas être une sorte de marchandage. Aussi, osons l’amour de soi qui responsabilise et autonomise au lieu de l'amour dépendance qui génère des frustrations. Cessons de donner pour recevoir et de nous oublier dans l’espoir que l’autre sache combler nos manques.
S’aimer c’est se donner le droit d’être ce que l’on veut et de faire les expériences qui nous attirent dès lors que nous assumons les conséquences de nos choix.
L’amour de soi en priorité
L’égocentrisme et l’amour de soi sont les deux aspects diamétralement opposés de l’amour. Il y a à priori, des personnes qui semblent savoir très bien s’aimer elles-mêmes mais en réalité il n’en est rien car elles sont seulement centrées sur leur personne dans une indifférence à l’autre parfois extrême. Autrui est alors instrumentalisé pour donner un sens à la vie, remplir un vide intérieur, se sentir important ou se narcissiser. Ces besoins témoignent d’un désamour de soi non assumé qui incitent à développer des comportements intéressés plutôt que désintéressés.
En général, une personne à tendance égocentrique se conjugue avec une personne décentrée, c'est-à-dire une personne qui comme l’égocentrique ne s’aime pas mais qui va plutôt se détourner d’elle-même pour s’occuper de l’autre. Le couple est bancal car l’attention est mal répartie.
L’idéal, c’est lorsque chacun est capable de se porter de l’attention à soi d’abord puis à l’autre ensuite et réciproquement.
Pour en être capable, il faut avoir appris à mettre suffisamment son égo de côté afin que l’égo ne pousse pas à utiliser l’autre pour se sentir bien. Nous pouvons nous prodiguer ensemble de belles et bonnes choses bien entendu mais cela ne devrait pas se faire par des biais stratégiques. Lorsque nous nous occupons de notre partenaire nous devons respecter certains principes comme par exemple demander explicitement à l’autre s’il est d’accord. Nous ne devrions pas davantage nous attendre à ce que l’être aimé comble nos besoins de son propre chef.
Beaucoup de relations sont trop infantilisantes dans le sens où lorsque nous nous sentons aimés ou lorsque nous aimons quelqu'un nous nous mettons à materner ou bien nous nous attendons à être maternés.
Etre égoïste, c’est vouloir que l’autre fasse passer nos besoins avant les siens, être lâche c’est croire que l’autre est responsable de nous, être égocentrique c’est croire que l’autre compte moins que soi.
Sortir de la quête de perfection par peur du rejet
Pour qu’une relation de qualité puisse perdurer il faut à tout prix éviter de rechercher la perfection. Les belles relations ne sont pas faites de gens parfaits qui réagissent toujours comme il faut. Ce qui fait que ça marche c’est que justement chacun fait de son mieux pour essayer de se comprendre et de se pardonner les erreurs que chacun commet à un moment donné. Parce que des loupés, il y en a forcément. Nous avons tous un côté sombre avec des souffrances plus ou moins assumées que nous essayons de refouler. Une personne qui n’a peur de rien et qui n’a jamais été blessée, cela n’existe pas.
Aussi, plus les partenaires osent se confier l’un à l’autre, plus ils expriment leurs vulnérabilités au lieu de les cacher à l’autre et plus la confiance se renforce. Sans une confiance béton, la relation est superficielle. Il ne s’agit pas d’attendre de l’autre qu’il vous materne ou qu’il prenne en charge vos problèmes mais qu’il puisse comprendre vos limites et le pourquoi de votre incapacité à aimer parfaitement.
Le plus beau cadeau que vous puissiez vous faire, c’est de vous entraîner ensemble à améliorer votre savoir-aimer. Je veux dire que c’est en apprenant ensemble à instaurer une véritable connexion d’âme à âme que vous vous sentirez liés l’un à l’autre sans pour autant vous sentir enfermés dans la relation.
Dans une relation intime, plus nous cherchons à être irréprochable et plus nous nous empêchons l’amour de circuler parce que la quête de perfection nous incite à jouer des rôles fourbes et simulés. C’est uniquement en étant authentique, autrement dit, le fait d’assumer d’être face à l’autre sans tricheries qui nous fait nous sentir bien ensemble. C’est cela la véritable liberté dans la relation. Ce n’est pas de se permettre de faire tout ce que l’on veut mais plutôt de s’autoriser à se montrer l’un à l’autre sans masque psychologique. Pour cela, il faut développer la conscience de soi et surtout passer au-dessus de la peur d’être rejeté (l’accompagnement en individuel ou à deux sert entre autres à guérir les blessures de l’âme).
On attire à soi ce que l’on porte en soi, la crainte du rejet attire le rejet.
Les 5 blessures qui empêchent d’être vrai
Aussi, lorsque notre partenaire émet quelques remarques, exprime ses besoins, et pose des limites, il faut être en capacité d’accueillir sans se braquer. Nous n’avons pas à consentir aux besoins de l’autre sous prétexte que nous l’aimons ou qu’il nous aime. Il y a une syntonie à trouver à l’égard des besoins de chacun. Si l’on décide d’aller dans le sens du besoin de l’autre c’est soit parce que l’on est heureux de lui faire plaisir ou soit que nous sommes en phase avec son besoin.
Ne pas avoir peur également d’expliciter verbalement ses besoins à soi. Si l'on en ressent de la crainte, c’est que la confiance est insuffisante.
Pour qu’elle se déploie, cette confiance garante d’authenticité relationnelle, il y a tout un savoir-faire à acquérir au niveau de la communication pour arriver à oser dire sans mal dire ni tout dire. Trop de couples se parlent comme le feraient des enfants exigeants et impatients.
Il y a 5 blessures qui, tant que nous ne les avons pas identifiées en nous puis guéries nous empêchent d’être pleinement aimants (cf Lise Bourbeau, Les 5 blessures de l’âme).
Ces 5 blessures sont le rejet, l’abandon, la trahison, l’injustice et l’humiliation. Tous les individus connaissent ces blessures parce que tous les enfants de la terre en font l’expérience avec un niveau de violence qui peut aller du presque rien à l’insoutenable. Cependant nous en sommes tous impactés d’une manière qui nous est propre selon notre vécu personnel.
Ces blessures engendrent des peurs et donc des protections parce que quand on a peur, l’on cherche à se protéger du mieux qu’on le peut avec les moyens du bord. Voyons sur le plan relationnel, quelles sont les peurs qui peuvent en résulter :
- Peur de paraître ridicule,
- Peur d’être jugé,
- Peur d’être ignoré, pas écouté,
- Peur de se sentir bête ou moche, ou trop coincé ou pas assez drôle
- Peur de déranger ou peur de ne pas être considéré
- Peur d’être trompé,
- Peur de s’investir pour rien,
- Peur de se retrouver sans rien,
- Peur de ne servir à rien,
- Peur des conflits, de la colère
- Peur d’être exploité…
Lorsque l’homme est dans l’impasse de son ego, il ne voit plus les choses clairement, il perd de plus en plus contact avec la réalité. Tant que nous évoluons dans la jungle de nos peurs, nous ne pouvons pas prétendre que nous sommes libres d’aimer pour de vrai.
Apprendre à s’aimer sans avoir peur
Toutes ces peurs comme bien d’autres, car cette liste est loin d’être exhaustive, vont contribuer à faire que nous restons sur nos gardes avec des radars en alertes. Et plus nous nous sentons aimés, plus nous avons l’intime conviction d’avoir trouvé la bonne personne, plus ces peurs se réactivent. Elles sont les raisons de toutes les difficultés que nous rencontrons dans nos relations à tous les plans.
Ces peurs, qui sont variables d’une personne à une autre, ne peuvent être niées éternellement car la vie va se charger de nous mettre dans des situations où nous ne pouvons plus faire comme si nous ne nous les traînions pas. A force de les ignorer donc de se mentir à soi-même, nous nous retrouvons de plus en plus mal car les stratégies réactionnelles que nous avons trouvées pour y faire face fonctionnent de moins en moins bien et finissent pas nous causer encore plus de problèmes.
Prenons un exemple concret : Une personne qui a la peur d’être quittée pour une autre personne parce qu’elle ne se trouve pas assez jolie va essayer de contrôler la situation en devenant de plus en plus exigeante soit avec elle-même en dépensant beaucoup d’argent dans les soins de beauté ou alors elle va essayer d’empêcher son partenaire de sortir sans elle. Elle gagnerait à se dire « Tiens, je vais essayer de comprendre pourquoi je nourris la croyance que je dois être très jolie pour que mon partenaire ne cesse de m’aimer. Pourquoi n’ai-je pas confiance en son amour puisqu’il existe plein d’autres raisons qui font qu’il tient à moi ?
C’est cela l’harmonie véritable dans un couple. C’est se reconnaître tels que nous sommes avec nos vulnérabilités respectives. Ensemble grâce à l’amour que nous nous portons nous avançons pas à pas vers la paix et la sécurité intérieure.
La solidarité vient du mot solide. Elle permet de construire quelque chose de solide. Elle est fondamentale pour consolider une relation durable. Elle se manifeste par la reconnaissance de l’autre et de ses besoins.